jeudi 18 novembre 2021

Le dernier enfant de Philippe Besson


Théo est le dernier d'une fratrie de trois et aujourd'hui, il quitte la maison familiale pour s'installer dans un petit studio d'étudiant à une quarantaine de kilomètres de là. Pour Anne-Marie, sa mère, c'est une journée difficile.
 
Un roman facile et rapide à lire, illustrant le "syndrome du nid vide" et l'état dépressif qui peut suivre le départ du dernier enfant, l'impression d'abandon, d'absence, d'ennui et de perte de sens de la vie, la nostalgie du temps qui passe et les interrogations sur celui qu'il va falloir remplir différemment. Avec ce "dernier enfant", Philippe Besson axe son récit sur les sentiments d'une mère au cours de la dernière /première journée avec /sans ce fils, celle du départ de Théo, un dimanche : la matinée est bien remplie avec la préparation des cartons, le déménagement, le trajet en voiture, l'installation et un repas au restaurant avant de se quitter ; le "vide s'installe" l'après-midi quand les parents rentrent seuls dans leur pavillon, inéluctable, abrupte, douloureux.
 
Au fil des pages, des réminiscences et des états d'âmes d'Anne-Marie, c'est toute une vie qui se déroule : la mort de ses parents, la maison en héritage, l'abandon de ses études, son travail chez Leclerc, sa rencontre avec son mari Patrick, leur amour tranquille, l'arrivée des enfants Julien, Laura puis Théo, une grossesse non programmée, et leurs départs, les uns après les autres. C'est la vie d'une mère toute simple, une mère qui travaille et se consacre à sa famille dans une ville de province, une mère qui aurait voulu le rester un peu plus longtemps en gardant encore ce petit dernier auprès d'elle. 
Les sentiments se bousculent et la submergent, les regrets sur ce qui n'a pas été et ne sera plus, le chagrin de la perte, le début d'un deuil. C'est un moment charnière de la vie d'Anne-Marie, celui où le couple se retrouve en tête à tête pour entamer une nouvelle phase à laquelle il n'est pas véritablement préparé, celle du vieillir ensemble, où les parents doivent s'effacer pour redéfinir leurs relations avec leurs enfants, des adultes autonomes, où le cercle amical retrouve une importance qu'il avait perdu.
 
Un texte qui sonne plutôt juste, sobre et efficace, même s'il n'est pas gai-gai et que toutes les mères ne s'y reconnaîtront pas forcément. Le personnage d'Anne-Marie m'a parfois agacé dans sa façon de tout sur-analyser, un peu "too much / trop" mais avec cette madame tout-le-monde en guise d'héroïne, l'auteur montre bien la force du bouleversement et la douleur intime que peut représenter la rupture au moment où le dernier enfant prend son envol.

Titre : Le dernier enfant
Auteur : Philippe Besson
Première édition : 2021

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