dimanche 22 août 2021

Jolis jolis monstres de Julien Dufresne-Lamy

 
Quand James, alias Lady Prudence de la maison Xtravaganza, rencontre Victor Santiago dans un bar de New York, souvenirs et confidences jaillissent. L'ancienne Drag Queen afro-américaine flamboyante qui a vécu le bouillonnement des grandes années du drag, du voguing, des bals, des "maisons/familles", des clubs dans le New York des années 1980 se raconte au jeune père de famille latino californien fasciné, qui se cherche avant de devenir lui-même Maya Guadalajara, candidate montante d'une émission de télé-réalité dédiée aux drags
 
Une histoire en miroir portée par une narration à la deuxième personne du singulier, d'abord par la voix de James puis par celle de Victor, avec ce "tu" qui souligne la proximité et l'intimité des deux hommes se livrant l'un à l'autre en toute confiance, dans une véritable communion de cœur.
 
Au travers de leurs deux histoires individuelles, deux générations, deux jeunesses séparées d'une trentaine d'année, c'est toute une chronique sociétale qui se dessine sur ce monde tout en paillette, en clinquant, en démesure et en extravagance, fauché à son firmament par le sida avant de se réinventer en trouvant de nouvelles voies d'expressions grâce au développement des réseaux sociaux. 
 
Mais derrière l'exubérance et l'impression de fête permanente se cachent des individus, des destins, des parcours très variés, souvent douloureux, en recherche de reconnaissance, des anonymes et d'autres personnages "secondaires" devenus des célébrités, des chanteurs, des artistes, peintres, photographes comme Madonna, David Bowie, Prince, Jean-Paul Gaultier, Tom Waits, Nick Cave, Ladu Bunny ou RuPaul, Keith Haring ou Nan Goldin parmi tant d'autres.
 
Fabuleusement écrit, ce roman - presque un témoignage - ouvre avec délicatesse et humanité la porte d'un monde que je ne connaissais pas sinon au travers de quelques photos et de reportages. 
Un énorme coup de cœur ♥ après la vie rêvée des hommes de François Roux avec lequel quelques éléments de l'histoire et de l'ambiance du New York des années 1980 se recoupent en se complétant, l'éclairage et les points de vues n'étant pas exactement les mêmes. 
Différent, original, incontournable, à lire absolument ! 
  
Tirés du texte :
Au bal, tu viens montrer ton arrogance. Tu es vue, tu es venue, tu vaincras, c'est notre devise. Dans la vie, on nous ignore, on nous rejette, on nous brise les genoux à coup de batte de fer. Voilà pourquoi on se retrouve là. 
C'est notre façon d'exister. Notre manière de faire comme les Blancs. D'être des superstars.  

Les plus perfectionnistes arrivent à midi. Chaussées de vieilles tennis jaunies, elles passent sept heures devant leur reflet. 
Travail de peintre et de modèle. Les angles et les ombres du visage, les sourcils et les ongles, choyées au crayon. 
Personne ne sait à quel point c'est difficile de ressembler à des femmes. 

Vous êtes des hommes, des femmes ? Ou des lesbiennes ? Des femmes de mauvaise vie peut-être ? Des coureuses de rempart ? 
Ou des artistes, alors ? Et dites, vous vous droguez ?
(...) Avec les drags, les hommes se comportent toujours comme des trouducs. Ce doit être écrit dans la Bible ou le code génétique. Dans la hiérarchie des proies, les hommes nous situent entre la jeune fille "qui l'a cherché" et la catin immigrée. 
(...) Ceux qui nous font le plus de peine, ce sont les gays et les lesbiennes qui nous jugent, sans comprendre. 
- C'est quoi votre problème ? Pourquoi vous nous caricaturez ? A cause de vous, le monde nous prend pour des fofolles hystériques.
(...) - Vous pensez que l'on remue les fesses pour faire les belles ? On déplace les structures nous. On combat. 
En montrant nos différences, on étrangle les carcans normatifs de l'identité.
 
Je lui explique la différence entre cross-dresser, travestis, female impersonators, drags et transgenres.
- La différence, c'est notre corps. Ce qu'il te dit tout au fond. 
 
Certains répètent inlassablement qu'on est des monstres. Des fous à électrocuter. 
Alors que d'autres pensent que l'on est les plus belles choses de ce monde. (...)
Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à têtes de femmes. 
C'est vrai que nous sommes les plus jolis monstres du monde.
Pendant plus d'un an, ton monstre et toi m'avez tout raconté. Le temps, le succès, l'érosion, les sifflements, les coups durs, les déboires, les au revoir. Tu as perdu quatre cent cinquante-quatre amis à cause du sida. Non, tu rectifies, quatre cent cinquante-cinq : Paris DuPree est morte l'an dernier chez elle à Capitol Reef et personne n'en a parlé parce qu'il n'était personne. 
-Nous sommes personne. Seulement des hommes dans des robes.   
 
Pour les queens, il existe trois types de performances. Celle qui reproduit l'image hétéronormative. Celle qui la rejette. Et celle qui la déplace. Pour ce soir, je choisis la troisième. Je veux être différente. Briser les conventions. Réunir les hommes et les femmes, les belles pédales et les beaux fils à papa. Dans mon numéro, je vais marier les refoulés, les touristes, les locaux, les malades. 
Faire des nœuds dans les genres. Les bisexuels, les lesbiennes, et les trans. Éclater le binaire. 
Faire de l'identité une grande fête, avec les paillettes, mes revendications et ma robe d'homme homosexuel.
 
  N'oublie jamais qui nous sommes, Victor. Nous sommes un petit pays de fou dans la doublure du monde. Bric-à-brac de bric et de broc, clandestin, cachés dans les replis des consciences. Nous devons montrer nos nuances, nos ratures, nos erreurs de la nature. Nous sommes une chose et une autre, tout et son contraire, nous sommes la perfection et ses défauts. Nous sommes les maharadjahs sans visage, alités par la fièvre ou endiablés sur le dancing. On n'a pas peur du grabuge et de la nuit qui s'écroule sur les toits. Les drags et les trans meurent chaque jour mais on tient bon. 
On passe sous les échelles en ricanant. On ouvre les parapluie et brise les miroirs. 
On amadoue les mauvais sorts et les chats noirs parce que nous aussi, nous ne sommes que de la chair de gouttière. 
 
Titre : Jolis jolis monstres
Auteur : Julien Dufresne-Lamy
Première édition : 2019

jeudi 19 août 2021

La vie rêvée des hommes de François Roux

1944. Pendant une semaine, dans Paris libéré, Stanley, soldat américain, et Paul, soldat français, vivent un amour passionné... Mais chacun rejoint ensuite son régiment, son pays, sa vie et le temps va passer, de la fin de la guerre jusqu'à nos jours, les deux hommes profondément marqués par cette rencontre d'une vie. 
L'américain nous fait plonger dans un New York d'après-guerre un peu fou où naîtront les grands mouvements de luttes pour la défense des droits pour tous, riche héritier mis sur la touche par son père, bourreau des cœurs infatueux et désillusionné hantant la vie nocturne de la grosse pomme.
Le français, pêcheur breton, choisira quand à lui la "normalité", le mariage et une vie de famille permettant de préserver les apparences avec ses insatisfactions et ses doutes pour lui et les siens, l'impression de décallage avec son être profond avant d'accepter les transformations douloureuses nécessaires afin de s'assumer en faisant abstraction du "qu'en dira-t-on".   

D'un bord à l'autre de l'Atlantique, au travers des événements des vies de Stanley et de Paul, ce roman nous livre tout à la fois une chronique intime et une grande fresque historique de l'évolution de la condition homosexuelle et de celle des mentalités. Le passage d'un monde où il faut vivre caché, dans lequel un homme aimant un autre homme est un crime, à celui d'aujourd'hui, plus égalitaire avec ses défilés et l'avènement du Pacs et du mariage pour tous, en passant bien évidemment par les années sombres du "cancer gay", le SIDA.
 
Voilà un livre finement écrit, touchant et marquant, associant habilement l'intime au général, plein d'humanité et de cet amour transcendant l'espace et le temps. Des personnages attachants et de beaux portraits d'hommes qui souffrent dans leurs relations au père, aux autres. Un livre qui évite les clichés et aborde avec justesse beaucoup de sujets sur le coming out, les incompréhensions et les rejets, les brimades, les violences, la solitude, la honte, l'interdit, la bêtise, etc.
 
Magnifiquement écrit, une belle histoire d'amour, un coup de cœur ❤️, à lire  !
   

Tirés du texte :
On le sait, ce ne sont pas les lieux en eux-mêmes qui fixent la mémoire, c'est grâce aux émotions qui y sont rattachées que nous pouvons garder tenace en nous le souvenir des choses.

Plus les choses étaient visibles, plus les crispations étaient grandes ; plus la liberté des uns prenait de l'ampleur, plus les autres craignaient de devoir renoncer à l'ordre immémorial qui les avait toujours protégés.

Titre : La vie rêvée des hommes
Auteur : François Roux
Première édition : 2021

lundi 16 août 2021

L'enfant du train / While Paris Slept de Ruth Druart

 

Juin 1953 - Santa Cruz, Californie. 
Jean-Luc, Charlotte et Sam, 9 ans, forment une famille unie, ils ont tourné la page du passé et vivent le rêve américain après avoir fuit la France à la fin de la seconde guerre mondiale.
 
Printemps 1944, Paris sous l'occupation allemande.
Jean-Luc a 21 ans, il est employé à la SNCF, affecté à l'entretien des voies à Drancy. 
Charlotte a 18 ans, elle a arrêté ses études et travaille à l'hôpital allemand.
David et Sarah se cachent avec leur nouveau-né Samuel mais ils sont arrêtés et embarqués dans l'un des derniers trains à destination de l'Est. Dans un geste de désespoir, Sarah abandonne Samuel à un inconnu - Jean-Luc- au moment de monter dans le train. 
 
1953
David et Sarah ont survécu à la déportation et recherchent leur fils Samuel ...
 
Construit sur des allers-retours dans le temps et l'espace, entre la fin de deuxième guerre mondiale et le début des années 1950, entre la Californie et Paris, ce premier roman de Ruth Druart nous entraîne dans une histoire déchirante déclinant avec intelligence le thème de l'amour filial. Un roman sur fond de drame historique, axé sur deux couples de parents aimants, l'un adoptif, l'autre biologique, qui revendiquent la garde d'un enfant, Samuel/Sam. 
Les personnages n'ont rien d'héroïques, ce sont des hommes et des femmes ordinaires pris par des événements qui les dépassent. L'auteur leur donne corps et voix à tour de rôle en dressant leurs portraits sans glorification, chacun avec ses forces et ses faiblesses, ses doutes, sa façon de vivre les événements, le cadre familial et professionnel, les sentiments de couple, celles de la relation à l'enfant et de l'enfant aux adultes. 
Un roman riche en émotions qui ne laisse pas insensible et capable de m'arracher quelques larmes au passage.  Certains choix  m'ont parfois laissée dubitative (la rupture totale avec la France, même du point de vue linguistique, de Jean-Luc et Charlotte) et d'autres auraient peut-être mérité quelques éclaircissements (le procès de Jean-Luc par exemple) mais ne remettent pas en cause la qualité de ce livre qui m'a absorbée.
Malgré la noirceur des circonstances, la tension de la société d'un Paris sous occupation allemande, la déportation de David et Sarah, la fuite vers l'Espagne de Jean-Luc et Charlotte, c'est finalement beaucoup, beaucoup d'amour qui ressort de ces pages.
 
Une lecture agréable et une façon subtile et inventive de mêler contexte historique à la tragédie psychologico-familial formant le coeur de l'intrigue. Un excellent premier roman ♥. 
 
Titre français : L'enfant du train
Titre anglais : While Paris Slept
Auteur : Ruth Druart
Première édition : 2021

jeudi 12 août 2021

Les cahiers argentins de Marie Meyel

En préparant le déménagement de ses parents, Lola découvre les "cahiers" de son arrière-grand-père Gustave. Elle y découvre l'histoire de cet ancêtre ayant émigré en Argentine au début des années 1920 avec sa mère, Jeanne Castel, institutrice/préceptrice, veuve de guerre.
Nourrie par ce témoignage familial, la jeune femme effectue un voyage en Argentine en repassant sur les traces de cet aïeul, de Buenos Aires à Ushuïa...      
 
Je me suis laissée séduire - je devrais dire "abuser" - par la couverture du livre et les revues qui lui sont consacrées (les amis de l'auteur ?). Je ne vais donc pas m'étendre sur ce roman dont j'ai rapidement deviné, après quelques pages seulement, qu'il s'agissait d'une auto-édition. J'ai pourtant essayé de m'accrocher et j'ai même lu, péniblement, jusqu'au bout...
 
C'est rare que je sois aussi critique mais à part la couverture, je n'ai vraiment rien aimé : l'écriture est quelconque et ennuyeuse, pleine de répétitions et de banalités sans intérêt (..."Lola ira voir sur Internet"  ! ... ) avec des jugements de valeurs d'une naïveté parfois attristante. Les personnages et les situations manquent totalement de profondeur, et c'est, au mieux, une sorte de carnet de route amateur.
 
Classé au rayon "sans intérêt", à oublier très vite.
  
Titre : Les cahiers argentins
Auteur : Marie Meyel
Première édition : 2021

lundi 9 août 2021

Le parfum de l'exil de Ondine Khayat

 
Au décès de Nona (Luna), la grand-mère qui l'a élevée, Taline est dévastée. Elle reçoit en héritage la maison de la vieille dame (102 ans) à Bandol, l'entreprise de parfum dans laquelle elle opère déjà comme "nez" et un lot d'indices qui mèneront à trois cahiers lui révélant son histoire familiale si elle souhaite la connaître.
Ces cahiers sont ceux de Louise Kerkorian, son arrière-grand-mère arménienne qui y relate sa vie en trois volets : il y a d'abord celui de la "petite poétesse de Marache" élevée dans une famille aisée et aimante au début XXème siècle en Turquie, une enfance heureuse auprès d'un grand-père charismatique. C'est ensuite la rupture brutale avec ces jours bénis et le basculement dans le cauchemard du génocide et de l'exode arménien de 1915 avec sa petite soeur Marie sur laquelle elle veille et enfin, la vie "d'après", d'Alep à Beyrouth, bien difficile à reconstruire.
 
Pour Taline qui mène une vie professionnelle active et une relation amoureuse toxique avec Mathias, compagnon homme d'affaire-banquier-ambitieux-sans cœur, la lecture de ces cahiers est progressive, prise sur ses moments de liberté, la nuit ou les week-ends. Une période de remise en cause, d'affirmation professionnelle et personnelle, de pacification intérieure et de clarification familiale. 
C'est aussi l'occasion de se remémorer les moments privilégiés avec sa grand-mère dont elle fait le deuil, celle qui lui a tant apporté, son ancrage émotionnel et sa formatrice dès l'enfance pour développer ses dons olfactifs au travers du "jeu des odeurs". Un processus qui donne finalement à Nona une enveloppe plus humaine et plus complexe que l'idéalisation simplificatrice dont Taline l'avait entourée.  
  
Un plumier, un cahier de poème, un petit cœur de bois en guise de fil rouge ; trois cahiers et une explosion olfactive dont les parfums nous enveloppent et nous font traverser le temps auprès de cette famille  arménienne sur quatre générations... J'ai lu ce roman presque d'une traite et pourtant ce n'est pas un coup de cœur parce que je n'ai pas totalement adhéré à la partie "moderne" : je n'ai pas aimé le personnage de Taline manquant parfois de consistance et de réalisme, notamment sur le plan du comportement relationnel avec son compagnon (qui me semble finalement une sorte de "parasitage" inutile au cœur de l'histoire). Je n'en ai pas moins aimé toute la partie historique relatée dans les cahiers, le sillage olfactif distillé entre les pages, l'écriture et le style parfois plein de poésie. J'ai aussi aimé les questions sous-jacentes qui sont abordées, les questions de résilience, la douleur de l'arrachement, les relations de filiation et inter générationnelle, la question de l'amour maternel qui ne va pas de soi, le poids de l'héritage et du secret, les questions de la transmission, etc. Globalement, un bon roman historique, joliment écrit.
 
Tirés du texte :
- Et l'enfance, où s'en va-t-elle quand on devient grand ? (...)
- Elle ne s'en va jamais. C'est nous qui la chassons. Grandir c'est faire l'expérience du monde. Si l'on ne veille pas sur son innocence, la réalité l'anéantit. Il faut toujours conserver les yeux de sa jeunesse, car on ne devient un être complet que lorsque l'on est capable de ressentir comme un enfant tout en prenant son envol et en s'ancrant dans la réalité.
 
La cérémonie du kodo allait bientôt commencer. La jeune femme aimait passionnément ce rituel japonais qui mettait en avant la spiritualité des odeurs. Il ne s'agissait pas ici de sentir le parfum, mais de l'écouter. (...)
Le kodo faisait partie des arts raffinés, les geïdo, et était également appelé "cérémonie de l'encens". (...)
Ce voyage à travers les sens était reconnu pour posséder plusieurs vertus, notamment apaiser les sens, purifier le corps et l'esprit, éliminer les polluants, réveiller les esprits, soigner le sentiment de solitude et calmer les périodes agitées. 
 
Une équipe de scientifiques suisses a démontré en 2012 que les traumatismes laissaient des traces dans le sang des victimes jusqu'à la troisième génération (...) Les traumatismes s'impriment en nous et peuvent modifier la transcription de nos gènes, ce qui est logique, puisque , notre environnement a une influence sur l'expression génétique (...) Lorsque nous sommes exposés à un stress, qu'il soit physique ou psychologique, nous réagissons par le biais de nos gènes , qui produisent des protéines et du cortisol. Si le stress est très élevé, nos gènes subissent des modifications chimiques. Les scientifiques appellent ça la méthylation génétique. Il semble que ce sont ces méthylations génétiques qui se transmettent aux générations suivantes. Bien sûr, plus le traumatisme est important, plus la méthylation l'est aussi. 
 
Le traité de Sèvres fut signé avec la Turquie le 11 août 1920. Ce traité consacra le démembrement de l'Empire ottoman. Au nord-est, il était prévu une République d'Arménie. Mais il ne fut jamais appliqué...
Le Noël 1920 fut particulièrement triste : en décembre, l'Armée rouge entra à Erevan et l'Arménie devint une république soviétique. Tous nos rêves d'indépendance s'effondrèrent et je ne vis une fois de plus que l'immense malédiction qui s'abattait sans cesse sur mon peuple. Trois ans plus tard, le traité de Lausanne, signé le 24 juillet 1923, fixerait les frontières de la Turquie moderne. Il remplacerait celui de Sèvres et ne mentionnerait pas même l'existence de l'Arménie.     
 
Sur la question arménienne, voir aussi : 
 
Titre : le parfum de l'exil
Auteur : Ondine Khayat
Première édition : 2021