C'est si rare maintenant quand une femme a du tempérament, que quand une femme en a, on dit que c'est de l'hystérie.
Jules Barbey d'Aurevilly
En cette fin de XIXè siècle, le monde des dames de la bonne société parisienne est en pleine ébullition car le bazar de la Charité est pour bientôt, un événement social de toute première importance auquel il faut participer, se montrer ou encore mieux, y tenir un stand.
L'événement est orchestrée par la charismatique duchesse Sophie d'Alençon, femme de coeur qui consacre son temps aux nécessiteux malades de la tuberculose.
Pour la tenue de son stand, elle s'entoure cette année de Violaine de Raezal et de la jeune Constance d'Estingel. La première est comtesse par son mariage, veuve depuis peu ; son défunt mari n'est plus là pour l'imposer ou la protéger des ragots et ses beaux enfants sont des monstres d'égoïsme, manipulateurs, champions des convenances et des apparences mais elle a su toucher la duchesse en l'accompagnant auprès des indigents. La seconde est une jeune femme tourmentée, fille unique de parents peu investis qui ont confié son éducation à des gouvernantes puis aux soeurs dominicaines de Neuilly chez qui elle était pensionnaire ; elle vient de rompre ses fiançailles avec Lazslo. De vieille noblesse, le jeune éconduit reste très amoureux et n'a pas renoncé à reconquérir sa belle ; par ailleurs jeune journaliste, il ne veut pas mener la vie oisive de son milieu.
Le 4 mai 1897, le sort de ces trois femmes bascule avec l'incendie d'une violence extrême qui réduit en cendres le bazar en un quart d'heure : le bilan est terrible, environ 130 morts, essentiellement des femmes. Une ambiance d'apocalypse avec des morts mais aussi les survivants et les blessés, les corps et les âmes meurtris, les héros et les rumeurs...
Ce drame historique sert de prétexte à la trame romanesque - qui n'est pas un roman historique - imaginée par Gaëlle Nohant, une histoire de femmes à la fin du XIXè siècle dans une société alors dominée par les hommes. Trois destins fauchés, réunis et portés par une tragédie qui pousse à sonder les âmes et à sortir des carcans et des apparences imposés aux femmes par la société et leur condition.
Un style et une approche à rebondissement qui rappellent un peu ceux des feuilletons si typiques de l'époque évoquée avec des ingrédients savamment dosés et mitonnés - une ambiance, une époque, manipulation, amour, amitié, fidélité, dévotion, duel, enfermement, enlèvement, etc.
Une plume assurée et agréable à lire, une évasion assurée, dans la grande tradition romanesque !
Titre : La part des flammes
Auteur : Gaëlle Nohant
Première édition : 2014
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