C'est l'été et comme chaque année, les trois soeurs Carpentier vont se retrouver à La Guarigue, la maison familiale de Saint-Rémy-de-Provence où vit maintenant à plein temps leur mère Jeanne, à la retraite.
Louise, la plus jeune des trois filles, la "petite dernière" avec un écart d'âge relativement important avec ses deux "grandes soeurs" est infirmière, célibataire d'un naturel anxieux, dévouée à ses patients et à sa mère à proximité de laquelle elle est installée ; bien que ses vacances commencent, elle reste investie dans son travail et s'est engagée à visiter chaque jour une vieille patiente aux alentours.
Mathilde, l'aînée, mariée, ancien petit rat de l'opéra, mère de Pia et de Paul, arrive de Paris où elle tient un studio de yoga après plusieurs années passées sans travailler,
Elle qui a été longtemps "la fille qui ne travaille pas". Celle qu'on interroge jamais, hormis à propos des enfants.
Eblouissante, dominatrice, bourgeoise perfectionniste à la limite de la caricature, Mathilde mène son monde à la baguette. Violette est sa complice mais elle a une relation difficile avec sa mère alors qu'elle était la plus proche de leur père.
Violette, la seconde, est la plus "écorchée". Divorcée de Michel qui la dominait et la terrorisait intellectuellement dans un mariage toxique ; elle est la mère de Clarisse, petite-fille très complice de sa grand-mère. Elle quitte une carrière d'avocate pour se reconvertir dans la poterie et va présenter son nouvel ami Jérôme à la famille.
Au son des cigales, sous le soleil estival, autour de la piscine et de la table familiale de La Garigue, la mère et ses filles retrouvent rapidement leurs repères, chacune dans le rôle qui lui est depuis toujours imparti. Mais à la suite de plusieurs événements, on va en savoir plus, la façade des convenus va se briser et se morceler. Dans cette histoire de femmes, de soeurs, de famille, les sujets soigneusement évités pour ne pas fâcher ainsi que les secrets les mieux gardés vont enfin être découverts et partagés, crevant une bonne fois pour toutes les abcès en souffrance.
Un roman-livre d'été idéal pour la plage ou le bord de la piscine, imprégné de bons sentiments et d'une bonne touche de feel-good. A coup de petites touches plutôt bien rendues, les rapports des unes avec les autres se dessinent pour révéler la fragilité et les travers de chacune, les connivences, les rivalités et les conflits larvés. Quelques raccourcis parfois un peu trop faciles, notamment à la fin du livre et finalement, une histoire de famille qui m'a rappelé L'esprit de famille de Jeanine Boissard, lu il y a bien des années et dont j'ai pour tout dire surtout gardé "une ambiance" plus que les détails.
Bref, une petite parenthèse de lecture dans l'air du temps, très féminine, facile et gentillette.
Extraits du texte :
Les jeunes d'aujourd'hui n'ont semble-t-il d'autre obsession que s'éloigner de leur famille, de parcourir le monde en avion au détriment de cette planète qu'ils s'escriment paradoxalement à protéger.
Entendre ce grand gaillard appeler cette vieille femme "maman" l'émeut plus que de raison. Elle a immédiatement la vision du petit garçon qu'il a été, regardant cette femme belle, jeune et forte avec toute l'admiration que les gamins ont pour celle qui leur a donné la vie. Des décennies plus tard, les voilà réunis dans cette chambre de la région de l'enfance, lui au chevet de celle qui avait pour mission de le protéger. Les rôles sont inversés.
C'est toujours ceux qui ne font rien qui se permettent de donner leur avis.
Certaines de ses amies, qu'elle a encore au téléphone, ont choisi de mettre sur "pause' leur existence pour ne plus vivre que dans le passé, et dans le présent monotone, un quotidien résigné à gêner le moins possible leurs enfants, à se faire toutes petites pour ne pas encombrer une société dans laquelle elles ne pensent plus avoir de place.
Ca fait dix ans que je n'ai plus vu mes trois fils en même temps.
Ils se retrouveront à mon enterrement. C'est idiot la vie, vous ne trouvez pas ?
Titre : Frangines
Auteur : Adèle Bréau
Première édition : 2020
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