lundi 15 mars 2021

L'architecte du sultan / The Architect's Apprentice de Elif Shafak

 

Istanbul, XVI-XVIIème siècle. 
Orphelin originaire d'Hindoustan, Jahan est encore un jeune garçon naïf lorsqu'il débarque à Istanbul avec Chota, un éléphant blanc qu'il a vu naître, cadeau de l'empereur Moghol pour le sultan. L'éléphant et son cornac improvisé (Jahan a usurpé cette fonction) intègrent la ménagerie du Topkapi au cœur de l'empire Ottoman où ils attisent rapidement la curiosité de la jeune princesse Mihrimah, avant d'accompagner une campagne militaire en Moldavie pendant laquelle ils sont remarqués par Sinan, architecte du sultan. Celui-ci va prendre le jeune garçon sous son aile et en faire, avec le temps, l'un de ses quatre apprentis, témoin privilégié de ce grand personnage historique qui vécu jusqu'à un âge avancé, bâtisseur de palais, mosquées, harems, aqueduc, à une période clé, l'apogée de l'empire. 
 
Tout à la fois conte oriental et roman initiatique/historique, les aventures de Jahan nous transportent à une autre époque pour nous faire découvrir le cœur du pouvoir impérial avec ses splendeurs et ses luttes de pouvoir, la vie du palais, les rivalités, les chantiers, les accidents, la peste qui sévit à plusieurs reprises, le donjon lugubre (la forteresse aux sept tours), les incendies, un voyage à Rome à la rencontre de Michel Ange/Il Divino, etc. Un monde exotique, vivant, grouillant, cosmopolite, tout en couleurs, en odeurs et en saveurs et des personnages de tous acabis, plus ou moins fréquentables : capitaine un peu pirate, dompteurs et soigneurs, princesse, architecte, libraire, etc. Une capitale dans laquelle musulmans, juifs, chrétiens, Grecs, Circassiens, Tatars et autres communautés formant «soixante douze tribus et demie» vivent en bonne harmonie (la "demie" désigne les Gitans dont tout le monde se méfie)... mais où nul n'est à l'abri d'une malédiction...

Au fil de mes lectures (celle-ci est la quatrième), Elif Shafak est entrée dans mon panthéon personnel de "valeurs sûres" : j'apprécie cette auteure turque pour ses qualités de conteuse sur des sujets toujours renouvelés, sa capacité à méler éléments historiques et culturels au souffle romanesque. Avec elle, je suis sûre de tourner les pages avec plaisir, celui de l'évasion et de la découverte auquel s'associe, lorsque je referme le livre, le sentiment de satisfaction, l'impression d'avoir appris et de m'être enrichie, combinaison gagnante.

Nota : encore une fois, je trouve que le titre français est moins juste que l'anglais car s'il n'est pas faux que l'histoire tourne autour de Sinan, " l'architecte du sultan",  ce n'est pas lui le personnage principal mais bien "l'apprenti de l'architecte". ♥

Tirés du texte :
I wish I could look back and say that I have learned to love as much as I loved to learn.
(...) 
It's odd how faces, solid and visible as they are, evaporate, while words, made of breath, stay.

"working is prayer for the likes of us," his master often said. "It's the way we communicate with God."

"Resentment is a cage, talent is a captured bird. Break the cage, let the bird take off and soar high. Architecture is a mirror that reflects the harmony and balance present in the universe. If you do not foster these qualities in your heart, you cannot build"

When you master a language, you are given the key to a castle. What you'll find inside depends on you.

Jahan thought that there were two main types of temple built by humankind : those that aspired to reach out to the sky and those that wished to bring the skies closer to the ground. On occasion, there was a third: those that did both. Such was San Pietro. 

"Is your granny still alived ?"
"Aye, she's one of the damned, (...) No worse curse than to bury all your loved ones and still keep breathing."



Titre français : L'architecte du Sultan
Titre anglais  : The Architect's Apprentice
Auteur : Elif Shafak
Première édition :

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