C'est
peut-être ridicule mais c'est ainsi : la seule raison pour laquelle les
jeunes viennent en Australie,
c'est qu'ils veulent être traités avec dignité.
c'est qu'ils veulent être traités avec dignité.
Kyena est une jeune Coréenne issue des classes moyennes. Elle partage sa chambre avec ses deux soeurs dans l'appartement familial situé en périphérie de Séoul, est dîplomée d'une université de Séoul et travaille depuis quelques années déjà.
Avec ses économies, elle veut poursuivre ses études en Australie avec le projet d'y émigrer. C'est ainsi qu'elle part, pleine d'espoirs en laissant derrière elle son monde, ses amies, son petit ami avec lequel elle rompt et sa famille.
Elle nous raconte son parcours, sa vie passée et la nouvelle, l'apprentissage de la différence, les comparaisons culturelles entre son pays d'origine et l'Australie ou d'autres nationalités qu'elle vient à fréquenter.
La jeune femme a aussi l'occasion de revenir en Corée mais ses séjours ne font que conforter son besoin de partir définitivement face à une société coréenne immuable, rigide et codifiée qui ne lui convient pas et dans laquelle elle ne peut se résoudre à se fondre.
Voilà un livre qu'on dévore, très intéressant parce qu'il nous permet de percevoir tout ces poids qui entravent et pèsent sur la société sud-coréenne : des rapports sociaux convenus qui se reproduisent d'une génération à l'autre, ultra hiérarchisés, dénoncés par l'auteur au travers de ce récit, et auxquels j'ai pu être sensibilisée pendant quatre années passées dans ce pays.
Le personnage de Kyena est frais, drôle et attachant ; une personnalité qui ne supporte pas les carcans, prête à s'expatrier pour assumer ses rêves et sa liberté. Le titre est brutal mais sans doute à l'image de la dureté des attentes et des codes imposés à la jeunesse de ce pays d'Asie du nord.
Un excellent roman de la littérature coréenne, à la fois léger - parfois presque une comédie - et profond, bourré d'anecdotes, à découvrir.
Extraits du texte :
Pourquoi je suis partie ? En deux mots, c'est "parce que je déteste la Corée".
Et en trois, c'est "parce que je ne peux pas vivre dans ce pays".
Et en trois, c'est "parce que je ne peux pas vivre dans ce pays".
(...) si je ne peux pas vivre dans mon pays... c'est parce qu'en Corée, je ne suis pas quelqu'un de compétitif.
Je suis un peu comme un animal victime de la sélection naturelle. Je ne supporte pas le froid ; je suis incapable de me battre de toutes mes forces pour atteindre un but ; et je n'ai hérité ni n'hésiterai jamais d'aucun patrimoine.
Mais tout ça ne m'empêche pas d'avoir le culot d'être salement exigeante : je veux travailler près de chez moi,
qu'il y ait suffisamment d'infrastructures culturelles dans mon quartier,
que mon boulot me permette de m'accomplir personnellement, etc.
Je suis un peu comme un animal victime de la sélection naturelle. Je ne supporte pas le froid ; je suis incapable de me battre de toutes mes forces pour atteindre un but ; et je n'ai hérité ni n'hésiterai jamais d'aucun patrimoine.
Mais tout ça ne m'empêche pas d'avoir le culot d'être salement exigeante : je veux travailler près de chez moi,
qu'il y ait suffisamment d'infrastructures culturelles dans mon quartier,
que mon boulot me permette de m'accomplir personnellement, etc.
Parmi les femmes que je croisais, aucune n'était plus mince que moi. Plus de 90% des Australiennes ont une stature carrée.
Il n'est pas rare non plus de voir des femmes obèses à un niveau qu'on ne peut même pas imaginer en Corée.
Tu sais, jusque là, j'avais toujours eu des complexes à cause de mes fesses et de mes cuisses un peu dodues,
or, ici, mes fesses étaient d'une taille idéale, toutes petites et mignonnes.
Je me suis dit que je n'avais plus besoin d'essayer de les cacher avec des hauts un peu longs
et que je pouvais même mettre des vêtements que je n'aurais jamais osé porter avant.
Il n'est pas rare non plus de voir des femmes obèses à un niveau qu'on ne peut même pas imaginer en Corée.
Tu sais, jusque là, j'avais toujours eu des complexes à cause de mes fesses et de mes cuisses un peu dodues,
or, ici, mes fesses étaient d'une taille idéale, toutes petites et mignonnes.
Je me suis dit que je n'avais plus besoin d'essayer de les cacher avec des hauts un peu longs
et que je pouvais même mettre des vêtements que je n'aurais jamais osé porter avant.
J'ai pas d'avenir en Corée. Je ne suis pas sortie d'une grande université, je ne viens pas d'une famille riche,
je ne suis pas aussi belle que Kim Tae-hui. Si je reste en Corée, je finirai ramasseuse de détritus dans le métro.
je ne suis pas aussi belle que Kim Tae-hui. Si je reste en Corée, je finirai ramasseuse de détritus dans le métro.
J'ai demandé à Jae-in pourquoi il était venu vivre en Australie.
- Parce que je ne veux pas faire mon service militaire, m'a-t-il répondu fièrement.
Les garçons font des avances et les filles choisissent, c'est ainsi que ça fonctionne.
Proportionnellement, le nombre de filles venues étudier ici est moindre que le nombre de garçons,
et les filles coréennes sont très populaires auprès des garçons d'autres nationalités et des Australiens.
Proportionnellement, le nombre de filles venues étudier ici est moindre que le nombre de garçons,
et les filles coréennes sont très populaires auprès des garçons d'autres nationalités et des Australiens.
Pourquoi détestes-tu autant la Corée ? C'est un pays sympa, tu sais.
Si on se rapporte au PIB par habitant, la Corée est dans les vingt premiers, presque au même niveau qu'Israël ou que l'Italie.
Si on se rapporte au PIB par habitant, la Corée est dans les vingt premiers, presque au même niveau qu'Israël ou que l'Italie.
(...) Je m'en fous de connaître le classement de la Corée sur le plan du bien-être de ses habitants,
ou du pouvoir d'achat, ou de je ne sais quoi encore.
J'ai envie d'être heureuse, moi, et ici c'est impossible.
Les Coréens mettent en haut du classement les Australiens et les Occidentaux, puis viennent les Japonais et les Coréens,
un cran en dessous les chinois, et tout en bas les habitants d'Asie du Sud.
Mais en réalité, après les Australiens et les Occidentaux, il y a tous les asiatiques.
Les gens d'ici ne font pas de distinction hiérarchique,
à leurs yeux il y a seulement les Asiatiques qui parlent bien anglais et ceux qui parlent mal.
ou du pouvoir d'achat, ou de je ne sais quoi encore.
J'ai envie d'être heureuse, moi, et ici c'est impossible.
Les Coréens mettent en haut du classement les Australiens et les Occidentaux, puis viennent les Japonais et les Coréens,
un cran en dessous les chinois, et tout en bas les habitants d'Asie du Sud.
Mais en réalité, après les Australiens et les Occidentaux, il y a tous les asiatiques.
Les gens d'ici ne font pas de distinction hiérarchique,
à leurs yeux il y a seulement les Asiatiques qui parlent bien anglais et ceux qui parlent mal.
Tu connais les paroles de notre hymne national ? Qu'est ce qu'il dit ? Ce que le ciel protège, ce n'est pas moi, c'est la Corée.
Ce qui doit vivre longtemps, ce n'est pas moi non plus, mais mon pays.
Si j'existe, c'est seulement pour préserver mon pays le plus longtemps possible.
Les paroles de l'hymne national australien sont très différentes,
il commence par "Australiens, réjouissons-nous car nous sommes jeunes et libres '",
continue avec "Sous notre rayonnante Croix du Sud, nous peinerons des cœurs et des mains",
et se termine avec "Nous avons des plaines sans limite à partager".
Rien à voir avec l' hymne coréen !
Ce qui doit vivre longtemps, ce n'est pas moi non plus, mais mon pays.
Si j'existe, c'est seulement pour préserver mon pays le plus longtemps possible.
Les paroles de l'hymne national australien sont très différentes,
il commence par "Australiens, réjouissons-nous car nous sommes jeunes et libres '",
continue avec "Sous notre rayonnante Croix du Sud, nous peinerons des cœurs et des mains",
et se termine avec "Nous avons des plaines sans limite à partager".
Rien à voir avec l' hymne coréen !
Auteur : Chang Kang-myoung
Première édition : 2015
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