Un soir, Louis, seize ans, ne rentre pas.
Pour Anne, sa mère, commence l'angoisse, la douleur, l'espoir, l'attente.
Au bord de l'océan, dans le petit village breton d'après-guerre,
il lui faut continuer à vivre en maintenant les apparences afin de ne pas alimenter les jalousies et les cancans,
et aussi remplir le vide de l'absence qui la fait flirter avec la folie.
Alors avec elle, on revisite le passé, ce qui a été, ce qui aurait pu être,
on redessine le présent et les relations familiales, une mécanique bien huilée mais désormais sans substance,
et on imagine ce qui sera, le festin et la joie des retrouvailles avec tous ses détails les plus extravagants.
Avec cette longue impatience, Gaëlle Josse nous emporte avec toute la sensibilité de sa plume dont je retrouve enfin, après plusieurs déceptions (le dernier gardien d'Ellis Island, une femme en contre-jour), le même plaisir absolu et sans réserve que j'avais pu avoir en découvrant son premier roman, les heures silencieuses. Une trame qui pourrait sembler banale au premier abord mais traitée avec beaucoup de finesse, de délicatesse, de psychologie et d'émotions. Outre l'amour maternel dévorant, le texte porte en filigramme l'amour du mari, celui de la famille ainsi qu'une évocation pleine de justesse de la Bretagne d'après-guerre avec son ambiance océanique et sa sociologie.
♥ Un hymne magnifique à l'amour maternel.
Tiré du texte :
Son absence est ma seule certitude, c'est un vide, un creux sur lequel il faudrait s'appuyer, mais c'est impossible, on ne peut que sombrer, dans un creux, dans un vide.
J'ai ma robe noire sur moi,(...), mon châle pour me protéger du vent et mes grosses chaussures lacées.
Pour attendre mon fils, je n'ai besoin de rien d'autre. Je ne suis plus que cela, une mère abandonnée.
Pour attendre mon fils, je n'ai besoin de rien d'autre. Je ne suis plus que cela, une mère abandonnée.
Je m'invente des ancres pour rester amarrée à la vie, pour ne pas être emportée par le vent mauvais, je m'invente des poids pour tenir au sol et ne pas m'envoler, pour ne pas fondre, me dissoudre, me perdre.
(...) toujours les mères courent, courent et s'inquiètent, de tout, d'un front chaud, d'un toussotement, d'une pâleur, d'une chute, d'un sommeil agité, d'une fatigue, d'un pleur, d'une plainte, d'un chagrin. Elles s'inquiètent dans leur coeur pendant qu'elles accomplissent tout ce que le quotidien réclame, exige, et ne cède jamais. Elles se hâtent et se démultiplient, présentes à tout, à tous, tandis qu'une voix intérieure qu'elles tentent de tenir à distance, de museler, leur souffle que jamais elles ne cesseront de se tourmenter pour l'enfant un jour sorti de leur flanc.
Du même auteur, voir aussi :
Le dernier gardien d'Ellis Island
Titre : Une longue impatience
Auteur : Gaëlle Josse
Première édition :
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