mercredi 25 septembre 2019

Une femme en contre-jour de Gaëlle Josse


Avec une femme en contre-jour, Gaëlle Josse ébauche son portrait de Vivian Maier dont les photographies ont été découvertes un peu par hasard, en 2007 à Chicago : des cartons entiers pleins de photos, planches-contacts, pellicules non développées, négatifs et documents divers trouvés dans un garde-meuble et vendus aux enchères pour quatre cents dollars, le début d'une légende.

Les photos en noir en blancs couvrent une large période du XXème siècle et offrent une foultitude de portraits pris dans la rue et les quartiers populaires, des femmes, des hommes, des enfants, des clochards, des ouvriers, des jeunes, des vieux, etc. Elles constituent une oeuvre posthume qui a rapidement et largement été exploitée alors que leur auteur, Vivian Maier, une américaine d'origine française très modeste et très secrète, reste entourée d'un voile de mystère.

Employée comme nounou, ses anciens employés sont presque les seuls à avoir une vague mémoire de cette photographe à l'oeil sûr, le reste il faut aller le chercher en enquêtant mais surtout en faisant appel à l'imagination. C'est ce que fait Gaëlle Josse dans ce livre un peu particulier qui n'est pas vraiment un roman ni vraiment une biographie et dans lequel l'écrivain intervient pour apporter son interprétation des choses ; elle se projete aussi pour tenter d'esquisser ce portrait de Vivan Maier, en se référant largement à ses photographies.

La plume est comme toujours très sûre et agréable à lire mais elle ne m'a pas emportée car sur le fond et la façon d'aborder l'histoire, je n'ai pas adhéré à l'approche hybride adoptée par Gaëlle Josse : elle laisse une part trop large à l'interprétation personnelle en s'impliquant elle-même sans que cela serve toujours l'histoire qu'elle nous livre. Même si Gaëlle Josse se retrouve dans le travail de Vivian Maier, son insinuation entre les lignes m'a agacé plus qu'autre chose, le sujet c'est la photographe, pas l'auteur : quitte à faire appel à l'imagination, plutôt que cette semi-biographie-description-projection, j'aurais préféré un vrai roman.

Alors malgré au moins deux livres exceptionnels à son actif (Une longue impatience et Les heures silencieuses) et une écriture toujours plaisante, après la lecture de ce 4ème ouvrage, je ne n'arrive toujours pas à classer Gaëlle Josse dans ma liste "d'auteurs valeurs sûres", trop inégale.

Extraits du texte :
 C'est une solitaire, mais dont l'oeil dit et montre plus que bien des discours. Ouvrier, chômeurs, personnes âgées, enfants livrés à eux-mêmes, toutes les détresses trouveront refuge dans son objectif. Secrète à un point difficile à imaginer.

Son travail photographique accorde une large place aux femmes âgées. On ne photographie rien par hasard. Un artiste poursuit ce qui le hante, l'obsède, le traverse, le déchire. Rien d'autre. Vivian Maier est avant tout une artiste, même si elle n'en revendique rien. Son gagne-pain lui est indispensable, mais accessoire. Elle n'est pas une nourrice  qui prend des photos pour se distraire, mais une artiste qui se contente d'un travail alimentaire. 

Découvrir les photos de Vivian Maier sur le site officiel ICI

Du même auteur, voir aussi :
Une longue impatience   
Le dernier gardien d'Ellis Island  

Titre : Une femme en contre-jour
Auteur : Gaëlle Josse
Première édition : 2019

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire