mardi 6 août 2019

Le jardin d'Épicure / Staring at the sun d'Irvin Yalom



La terreur primitive de la mort peut être réduite jusqu'à devenir une angoisse gérable au quotidien.
 Regarder la mort en face, avec un soutien, non seulement repousse la terreur, 
mais rend la vie plus émouvante, plus précieuse, plus vitale. 
Une telle approche de la mort débouche sur une connaissance de la vie.

J'ai découvert Irvin Yalom au travers de ses trois romans (Le problème Spinoza, Et Nietzsche a pleuré, La méthode Schopenhauer) mais ce médecin psychiatre américain est également l'auteur de plusieurs essais dont Le Jardin d'Épicure, publié en 2008.

Cet ouvrage s'appuie sur son expérience de thérapeuthe et traite, au travers de cas concrets, du thème de la mort qui influence les comportements de façon directe ou masquée. Le livre s'adresse non seulement au grand public mais aussi aux professionnels, psychiatres et thérapeuthes dont la formation fait parfois défaut sur ce sujet.

Irvin David Yalom maitrise parfaitement la question qu'il traite, sans jargon ni moralisation, de façon simple et abordable et en faisant appel à ses grandes qualités de vulgaristeur et de pédagogue. Il en résulte un livre qui se lit comme un roman pour aborder avec sérénité cette question existencielle sans doute la plus essentielle, celle de notre mortalité.     

Un auteur que j'ai un vrai plaisir à lire et découvrir, sachant rendre abordable chacun des sujets qu'il traite, qu'il s'agisse de philosophie ou de psychologie, un grand humaniste, riche de sagesse et d'empathie. 

Du même auteur, voir aussi :
Le problème Spinoza / The Spinoza problem (roman)
Et Nietzsche a pleuré / When Nietzsche wept (roman)
La méthode Schopenhauer / The Schopenhauer cure (roman)

Extraits du texte :
La conscience de soi est un don suprême, un trésor aussi précieux que la vie. C'est elle qui nous fait humains. Mais on la paie au prix fort : la blessure de la mortalité. Notre existence est à jamais assombrie par la certitude que nous grandirons, que nous nous épanouirons, et, inévitablement, que nous déclinerons et mourrons. 

[...] l'accent mis par la psychanalyse sur le passé est un recul devant l'avenir et la confrontation avec la mort. 

Les stoïciens (...) nous ont enseigné qu'apprendre à bien vivre est apprendre à bien mourir. Et inversement qu'apprendre à bien mourir est apprendre à bien vivre. (...) Ainsi et de bien d'autres façons, les grands penseurs à travers les âges nous ont rappelé que si la mort nous détruit physiquement, l'idée de la mort nous sauve. 

La confrontation du survivant avec sa propre mort est une part ordinaire mais souvent méconnue du deuil. 

[il existe] une corrélation effective entre la peur de la mort  et le sentiment de n'avoir pas vécu sa vie.  En d'autres termes, moins votre vie a été vécue, plus grande est votre angoisse de la mort. Plus vous échouez à vivre pleinement votre vie, plus vous craindrez la mort. 

Pour chaque oui il doit y avoir un non, et chaque choix positif signifie le renoncement à d'autres choix. Nombreux sont ceux qui refusent d'appréhender pleinement les limites, les reculs, les pertes qui font partie intégrante de l'existence. 

Aucun changement positif ne peut intervenir dans votre vie tant que l'idée reste ancrée en vous que les causes de votre vie imparfaite sont à chercher au-dehors de vous-même. 

L'isolement n'existe que dans l'isolement ; une fois partagé, il s'évapore. 

La psychothérapie contemporaine, tellement portée sur l'étude critique de soi, tellement prête à excaver les couches les plus profondes de la pensée, a cependant battu en retraite devant l'examen de notre crainte de la mort, le facteur primordial et omniprésent qui conditionne toute notre vie émotionnelle. 

Titre français : Le jardin d'Épicure / Regarder le soleil en face
Titre anglais original : Staring at the sun / Overcoming the terror of death
Auteur : Irvin Yalom
Première édition : 2008

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