Issue d'une grande dynastie familiale à l'américaine ayant pour base Aiken, en Caroline du Sud, Avery Stafford a tout pour elle, une brillante carrière, un fiancé merveilleux ... Elle revient dans le giron familial pour épauler son père lorsque celui-ci rencontre des soucis de santé, étant entendu que la fille du sénateur américain toujours très investi dans sa fonction est mise à contribution pour le représenter et occuper la sphère publique afin de préparer le terrain à une reprise du flambeau paternel si jamais cela devenait nécessaire. Au cours d'une visite de représentation dans une maison de retraite, Avery fait la connaissance de May Weather, une pensionnaire pas comme les autres qui va aiguiser sa curiosité et l'amener à enquêter sur sa grand-mère Judy, elle même prise en charge dans une autre pension plus privilégiée du fait d'un alzheimer de plus en plus handicapant.
En paralèlle, on fait une plongée dans le temps pour découvrir l'histoire de Rill Foss, 12 ans en 1939, à Memphis. Avec ses trois soeurs et son petit frère, elle vit sur un bateau de fortune au bord du Mississipi dans une famille pauvre mais aimante jusqu'au drame qui va frapper, au moment où un nouvel accouchement de la mère se passe mal et nécessite une hospitalisation. Les enfants, parfaits petits blondinets en demande, vont alors être enlevés pour être placés (ou plutôt vendus) en adoption, en supprimant toute trace de leur vie passée.
Au fil des pages, les deux histoires finissent par se rejoindre.
Ce livre n'est pas une simple histoire d'adoption parce qu'elle cherche avant tout à dénoncer les pratiques de Georgia Tann qui oeuvra pendant des années à la tête du Children's Home Society de Memphis, qui certes changea de façon positive le regard porté sur l'adoption (en son temps, la prestigieuse Ms Tann fut consultée pour conseil par Eléonor Roosevelt) mais qui avait une approche relevant plus du trafic d'enfants que d'un réel soucis de bien être d'orphelins abandonnés. Un épisode particulièrement sordide qui perdura jusqu'aux années 1950.
Non seulement roman mais aussi historique, le livre s'appuie sur des faits avérés dont l'épilogue permet de prendre la mesure, notamment celle de l'injustice d'une question étouffée quand elle aurait pu éclater au grand jour.
Si le fond de l'histoire est particulièrement ignominieux, le roman garde une approche mesurée et non manichéenne en conservant une mesure de suspens intéressante avec une petite dose de philosophie au regard d'une vie passée; en filigramme, d'autres questions sont abordées, le grand age, le poids des secrets de famille ou le soucis de l'image.
Un bon moment de lecture pour découvrir cet épisode peu glorieux de la petite histoire américaine, dans la même veine que le Train des orphelins/Orphans Train de Christine Baker Kline que j'avais tout autant apprécié.
Life is not unlike cinema. Each scene has its own music, and the music is created for the scene, woven to it in ways we do not understand. No matter how much we may love the melody of a bygone day or imagine the song of a future one we must dance within the music of today, or we will always be out of step, stumbling around in something that doesn't suit the moment.
(...) A woman's past need not predict her future. She can dance to a new music if she chooses. Her own music. To hear the tune, she must only stop talking. To herself, I mean. We're always trying to persuade ourselves of things.
Titre original : Before We Were Yours
Titre français : Les Enfants du Fleuve (à paraître avril 2018)
Auteur : Lisa Wingate
Première publication : 2017
Meilleur roman historique 2017 des lecteurs Goodread
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