À la fin de Le Pingouin / Death and the Penguin, Victor avait pris la place de son pingouin Micha pour fuir Kiev et s'était envolé pour l'Antarctique ; c'est là où nous le retrouvons. Victor y fait la connaissance d'un russe mourant s'y cachant lui aussi, qui lui donne son passeport, une carte de crédit et une lettre à remettre à sa femme à Moscou, autrement dit, les moyens de rentrer en Europe et une mission. Après plusieurs mois d'absence, Victor peut ainsi rentrer incognito en Ukraine où il veut d'abord retrouver la trace de son pingouin .... le début de nouvelles aventures rocambolesques qui vont l'amener à travailler à la campagne électorale d'un malfrat de Kiev, puis à Moscou avant de s'échiner comme "esclave" en Tchétchénie.
En Ukraine, on retrouve un certain nombre des personnages du cercle précédemment constitué autour de Victor avec Sonia sa fille adoptive, Nina, la nounou, Liocha l'ancien organisateur de funérailles en fauteuil depuis l'explosion d'un de ses cercueils, désormais barman dans un café pour handicapés et capitaine d'une équipe de bras de fer, son rédacteur en chef mort et rescucité sans oublier, bien sûr, Micha le pingouin qui reste constamment au cœur de l'intrigue, son animal de compagnie qu'il faut retrouver et sauver.
Victor apparaît plus comme un anti-héros ballotté par les événements qu'un héro, un monsieur "lambda" impuissant, plutôt apathique et passif lorsqu'il est entraîné par un flux qui le dépasse mais au milieu duquel il essaye tout de même de surnager en tentant de préserver sa conscience, sa boussole.
Un petit roman doux-amer, sans concessions, rempli de dérision et d'humour noir qui nous transporte en Absurdie, à l'ère post-soviétique de la fin des années 1990, avec ses violences, ses arrangements, sa fascination pour la force et le pouvoir, ses drôles de trafics. Le portrait acerbe d'une société profondément corrompue dans laquelle les hommes n'ont pourtant pas totalement perdu leur part d'humanité, jouant constamment sur le fil du rasoir entre espoir et désespoir, où rien n'est jamais tout noir ou tout blanc.
Au regard d'une actualité et d'évènements portés par ceux qui rêvent au retour de la grandeur de l'empire soviétique, une fable mordante qui interpelle.
À méditer !
Du même auteur, voir aussi :
Titre français : Les pingouins n'ont jamais froid
Titre anglais : Penguin Lost
Auteur : Andreï Kourkov (Andrey Kurkov)
Première édition :
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