dimanche 27 octobre 2019

Les enfants de Venise de Luca di Fulvio

Venise, 1516.

Petits orphelins voleurs des rues de Rome, Mercurio, Benedetta et Zolfo doivent fuir la ville à la suite d'une escroquerie qui tourne mal. Champion du déguisement, Mercurio prend la route travesti en moine sans savoir que la victime qu'il pense laisser derrière eux a survécu et qu'elle n'aura de cesse de les poursuivre pour se venger.

De leur côté, Issaco et Giuditta ont quitté l'île où la jeune fille a été élevée par sa grand-mère. Un père et une fille appartenant à la communauté juive, qui se découvrent en cherchant un meilleur avenir.

Alors que les deux groupes convergent vers Venise, ils se retrouvent placés sous la protection du capitaine Lanzafame et sa troupe de soldats de retour, victorieux, de la bataille de Marignan : Isacco soigne les blessés et entame sa carrière de "faux médecin" alors que Mercurio soulage leurs âmes dans son rôle de "faux prêtre", deux escrocs de haut vol qui se reconnaissent au premier coup d'oeil.
Les deux partis se retrouvent séparés à leur arrivée à Venise, ville en principe fermée aux étrangers, mais Mercurio qui est tombé sous le charme de Giuditta fait la promesse quʼil la retrouvera...

Chacun va suivre son chemin et évoluer au cœur de cette trâme romanesque dense, complexe, intense, portée par les sentiments forts des uns et des autres, des uns envers les autres. Au delà de l'amour de Mercurio et Giuditta, on y retrouve un peu toutes les variations de l'amour (paternel, maternel, etc. ), la haine aussi, celle qui vient de la jalousie ou du rejet de l'autre avec l'antisémitisme, le pouvoir, l'amitié, le respect, le doute, l'assurance, etc.
On voyage dans le temps pour découvrir Venise un peu sous tous ses angles, dans la rue, les marchés ou les bordels avec les plus pauvres, dans les palais des plus riches, des plus puissants voire des plus pervers, dans le "ghetto" des juifs qui ne peuvent exercer que trois types d'activités autorisées, dans la fourmilière de l'arsenal ou le palais de justice pour un procès en sorcellerie, la République de Venise et ses rapports à la papauté avec l'inquisition qui menace...

Un monde très vivant, fascinant, admirablement mis en scène et des personnages qui nous emportent... Un roman un peu "à la Dickens" et une lecture captivante dans la plus grande tradition littéraire : juste un pur bonheur !

Extraits du texte :
 La vie est simple. Quand elle devient compliquée, ça veut dire qu'on se trompe quelque part. (...) Si la vie devient compliquée, c'est parce que c'est nous qui la compliquons. Le bonheur et la souffrance, le désespoir et l'amour sont simples. Il n'y a rien de difficile.

Ciao ? Qu'est-ce que ça veut dire ?
Pour se saluer, la coutume est de dire schiavo vostro, "je suis votre esclave". Dans notre langue, schiavo se dit s-ciavo. Avec le temps, des lettres se sont perdues... On ne sait pas où ! 

L'amour nourrit et engraisse. La haine consume et creuse. L'amour enrichit, la haine soustrait.

Dans notre monde, la vérité est celle qu'écrivent les puissants. En soi, elle n'existe pas.

Titre : Les enfants de Venise
Auteur : Luca Di Fulvio
Première édition : 2017

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