lundi 5 octobre 2020

Pacifique de Stéphanie Hochet

 

 Japon, 1945.

Isao Kaneda a 21 ans et il s'apprête  à mourir : bientôt il s'envolera pour aller s'écraser avec son avion sur un navire ennemi, l'ordre de mission est imminent. 

Isao est l'aîné d'une famille, l'héritier. Sous la houlette de sa grand-mère maternelle de noble ascendance et d'un précepteur choisi par elle, il a reçu une éducation très classique, tant japonaise qu'européenne (latin, grec, littérature anglaise, etc.) afin d'exalter en lui le guerrier Samouraï dont il est le dernier représentant de sa lignée. Rendu à ses parents à l'adolescence, il passe par l'école secondaire avant d'intégrer le Yokaren, une école préparatoire à la discipline toute militaire afin d'assouvir son rêve de devenir pilote de chasse. Un parcours qui ne laisse aucune place à l'oisiveté et très peu aux sentiments. 
S'il ne fait aucun doute que l'honneur prime avant tout, cela n'empêche pas Isao de pressentir la défaite de la guerre par son pays et de réfléchir au sens du sacrifice qui lui est demandé.
 
Nous voilà dans la tête d'un tout jeune kamikaze à la fin de la deuxième guerre mondiale, un parcours initiatique qui prend un chemin inattendu au coeur du Pacifique, ultime étape de son éveil spirituel au sens bouddhique du terme...
 
Un roman court écrit à la première personne, qui se lit rapidement. 
Une écriture épurée qui s'attachent à rendre fidèlement les éléments de la culture dans laquelle ils nous plongent.
Une petite parenthèse poétique, jolie mais peut-être pas inoubliable.
 
Extraits du texte : 
Il n'y a pire humiliation pour un combattant nippon que la reddition. 
 
Nos armes secrètes ont toujours les noms les plus poétiques. 
Ainsi, que kamikaze signifie "vent divin" a contribué à briser le moral des ennemis.   
 
Un édit impérial a donnée aux héros disparus le nom d'étoiles tombées du ciel
 
Je vais laisser derrière moi ma famille. Le fils aîné des Kaneda va disparaître (...)
Comment imaginer sa propre mort ? (...)
Au-delà de son existence, et même au-delà de celle de ses proches, priment le devoir et l'honneur. 
C'est un leçon apprise. C'est une leçon répétée.
 
Elle m'adorait en m'étouffant, elle m'éduquait avec dureté, me tenait à l'écart de tout divertissement ordinaire pour un petit garçon. Elle donnait un sens à ma vie, m'ouvrait à la beauté et en même temps contrôlait mes envies, dirigeait mes désirs, écrasait chaque fibre dissipée du tout jeune homme qui ne savait pas qui il était. Elle me tendait une image de moi qu'elle avait puisée dans le monde obscur de ses souvenirs. J'étais un ectoplasme projeté hors d'elle. Un fantasme de petit-fils auquel je me suis identifié. 
 
J'idéalise l'armée comme jamais et perçois les luttes mortelles comme le comble de l'achèvement esthétique. 
Mourir en combattant, c'est la mort détruisant la mort
 
Nous sommes appelés à devenir des "fleurs de cerisiers".
Le sakura, fleur symbole du Japon. 
Vivre une telle efflorescence printanière serait donc croître et disparaître au paroxysme de la jeunesse.
 Laissant dans l'air le souvenir de la beauté éphémère. 
 
Titre : Pacifique
Auteur : Stéphanie Hochet
Première édition : 2020

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