lundi 6 mars 2023

La vie clandestine de Monica Sabolo

Dans ce roman présenté comme autobiographique, la narratrice, l'auteure, cherche au départ un sujet de livre. Une émission de radio l'oriente sur l'assassinat en 1986 de l'ancien P. D. G. de Renault,  Georges Besse, exécuté par des membres d'Action Directe ; elle pense tenir quelque chose qui sera à la fois "facile et spectaculaire à traiter" et "très éloigné d'elle". Elle s'intéresse alors aux deux femmes du commando, condamnées en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité, Nathalie Ménigon et Joëlle Aubronet, et commence à rassembler des informations, de la documentation et des témoignages qui doivent l'aider à donner corps et vie à ses personnages. 
 
Au fil des pages, elle livre au lecteur les éléments bruts et objectifs de ses recherches en nous révèlant que le secret et les zones d'ombres rencontrées au cours de son enquête ont des conséquences tant sur le plan professionnel que personnel. D'une part, elle a beau accumuler des renseignements, elle bloque sur l'écriture de son roman parce qu'elle n'arrive pas à cerner la psychologie de ses personnages ; cela l'amène à tirer sans cesse de nouveaux fils pour essayer de saisir, en vain, ce qui lui échappe. D'autre part, ces investigations réveillent des souvenirs d'enfance très intimes, profondément enfouis, qui refont progressivement et de plus en plus précisément surface. 

Par une alternance de chapitres qui passent de l'histoire, des acteurs, des motivations et des secrets d'Action Directe à ceux de sa famille, l'auteure construit un roman un peu atypique, une sorte de livre-enquête qui tourne à l'introspection personnelle, voire à la thérapie par l'écriture. Malgré les qualités indéniables de cette écriture, j'avoue avoir eu du mal à m'intéresser aux tenants et aboutissants du livre, en me demandant longtemps ce que les réminiscences de l'auteur pouvaient bien faire là et où tout cela allait nous mener. 
 
Alors bien sûr, on peut se dire que l'auteure est courageuse de nous livrer ce qui ressemble finalement à un témoignage intime très fort, plein d'humanité et riche en éléments de réflexion : elle se met à nu et tout cela traite de la difficulté de l'écriture, de la façon dont celle-ci influe et est influencée par l'expérience personnelle de celui qui tient la plume, il est aussi question d'humanité, de bien et de mal, de secrets, de traumatismes, de refoulement, de reconstruction, de redemption, de pardon... mais voilà, malgré une empathie inévitable et toute cette rationalisation, je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre. 
La façon dont le lecteur est mis en position de témoin un peu voyeur m'a génée ; impossible de me laisser entraîner par les émotions et le cheminement menant à l'apaisement partagé par cette auteure que je ne connaissais pas ... Et même un vrai soulagement de tourner la dernière page puis de boucler cette chronique afin de ne plus y revenir. 
Comme un rendez-vous raté avec Monica Sabolo !

Titre : La vie clandestine
Auteur : Monica Sabolo
Première édition : 2022

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