We all fight on two fronts, the one facing the enemy, the one facing what we do to the enemy.
Alors qu'ils se croyaient tous les deux morts, Niska la vieille indienne guerisseuse et Xavier Bird son neveu se retrouvent et suivent en canoë la rivière qui les ramène au bush, un périple de quelques jours rythmé par les réminiscences de l'un et de l'autre : Xavier, sous l'emprise de la morphine, traumatisé et hanté dans ses délires par ses années de guerre dans les tranchées qui lui ont coûté une jambe et une partie de son âme, Niska, qui utilise la parole et son histoire de façon thérapeuthique pour essayer de ramener son neveu sur le chemin de la vie.
Xavier est de retour de l'enfer des champs de batailles de la première guerre mondiale où il a combattu dans les troupes canadiennes avec son ami Elijah. Leurs compétences de chasseurs en ont fait des tireurs d'élite d'exception. De caractères très différents, l'un taiseux, l'autre bavard, l'un "invisible", l'autre attirant la sympathie, l'un "sauvage", l'autre "assimilé", les deux amis traversent ensemble deux années d'une guerre absurde. Un combat dans lequel les deux jeunes héros indiens se sont engagés volontairement, s'entraînant l'un l'autre, sûrs de leurs talents de chasseurs, riches d'une amitié sans faille construite depuis l'enfance et non exempte d'une rivalité stimulante. La violence quotidienne transforme ces personnages, qui peuvent y trouver panache, prestige et une certaine liberté voire développer le goût de la mort au risque d'en perdre la raison.
De son côté, Niska est le témoin intermédiaire, la gardienne et la survivance d'une culture transformée par l'arrivée des blancs qui résiste de par sa simple existence, malgré tout.
Beaucoup de tristesse, de violences, de souffrances, de tensions mais aussi de la résilience et de la spiritualité dans ce récit brillantissime, cru de réalisme et cruel, qui nous plonge dans le quotidien des poilus, sur la ligne de front dans les campagnes françaises, pendant la première guerre mondiale mais aussi au fin fond des forêts canadiennes où survit l'âme de peuples malmenés.
Un récit prenant qui évoque également d'autres thèmes et sujets traités dans d'autres ouvrages que j'ai particulièrement aimés de la littérature canadienne, indigène ou pas, comme celui des "écoles résidentielles" dans lesquelles étaient envoyés tous les enfants Indiens enlevés à leurs familles (cf ❤️❤️❤️ jeu blanc / Indian Horse de Richard Wagamese) ou encore celui des grands feux de 1916, les plus catastrophiques jamais connus par le pays (cf ❤️❤️❤️ Il pleuvait des oiseaux / And the birds rained down de Jocelyne Saucier)
Un grand et beau moment de lecture sur le chemin de ces âmes, trois jours d'une route inoubliable. ❤️❤️❤️
Tirés du texte :
The wounded soldier continues to moan and mumble. He is talking some sort of secret language now, I think,
speaking with the spirit who will take him on the three-day road.
speaking with the spirit who will take him on the three-day road.
You know that the wemistikoshiw [les blancs] do not care to believe us when they hear about our kills in the field (...)
we do the nasty work for them and if we return home we will be treated like pieces of shit once more.
But while we are here we might as well do what we are good at.
we do the nasty work for them and if we return home we will be treated like pieces of shit once more.
But while we are here we might as well do what we are good at.
All of life is in the circle, (...) you always come back, in one way or another, to where you have been before.
Titre original : Three Day Road
Titre français : Le chemin des âmes
Auteur : Joseph Boyden
Première édition : 2005
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire