Ce panorama complet couvre ainsi la colonisation de l'île (874-930) et l'organisation des débuts, l'adoption du christianisme puis celle du protestantisme, le rattachement à la Norvège, la domination Danoise puis le processus d'indépendance, l'occupation anglaise puis américaine et l'époque moderne, les guerres de la morue, la crise de 2008 et ses conséquences jusqu'en 2017... Un livre qui traite aussi les aspects culturels, sociologiques, politiques et économiques de ce petit pays de 350'000 habitants farouchement créatifs et indépendants.
Un livre de référence équilibré, très abordable et complet, sans être trop dense.
Quelques extraits du prologue et du texte :
La publication de cet ouvrage coïncide avec le centenaire de la souveraineté islandaise, constituant le jalon le plus important vers son indépendance, ainsi qu'un tournant dans l'histoire de l'Islande. Depuis mille ans, l'agriculture était à la base de son économie, mais en 1918, la pêche, avec une flotte qui peu à peu se modernisant, la supplanté, de sorte qu'en cent ans, l'Islande, de l'un des pays les plus pauvres, devint l'un des pays les plus prospères de la planète.
Du passé, les Islandais ont gardé une particularité abandonnée ailleurs dans le monde nordique ;
la quasi-absence de noms de famille.
La littérature, ensuite élargie à d'autres disciplines artistiques, est (...) , avec l'ouverture au monde, le deuxième levier du développement de l'Islande.
Le fait que personne, hormis quelques moines, ne se soient installés avant le IXème siècle sur cette île de plus de 100'000 kilomètres carrés, à quelques jours seulement de navigation de la Norvège, demeure une énigme pour beaucoup d'historiens.
Mais à ce jour, aucun indice archéologique ne propose une autre histoire.
Traditionnellement, la colonisation est considérée comme achevée en 930, année de l'ouverture de l'Alpingi. En un demi-siècle, l'Islande, qui n'a connu ni Préhistoire ni Antiquité, entre de plain-pied dans le Moyen-âge et va développer une organisation unique en son genre qui met au service d'un individualisme farouche une vie communautaire rendue nécessaire par les conditions très particulières de l'île.
Il n'y aura pas d'autorité exécutive centrale, ni roi, ni armée, ni même impôts jusqu'à la dîme imposée par l'Église en 1096.
(...) Là est la grande originalité du système islandais : pas de roi ou de chef suprême, pas de police, pas d'administration centrale... Pas d'armée non plus, car aucune invasion n'est à craindre.
L'Alpingi, qui fonctionne aujourd'hui encore (...) est souvent qualifié de parlement le plus ancien d'Europe. Passons sur le fait qu'il a été dessaisi de tout pouvoir législatif pendant plusieurs siècles avant d'être supprimé en 1800 par les Danois, pour reprendre ses activités en 1843. Mais surtout, il ne peut faire figure de parlement moderne, c'est-à-dire de lieu d'expression d'une nation ou au moins d'une majorité de ses membres pour faire les lois et contrôler leur exécution, sa composition n'est guère démocratique.
Si les dieux sont partout, la religion ne paraît pas une réelle préoccupation et ne le deviendra que pour des raisons politiques.
Le mouvement migratoire de cette fin du XIXème siècles s'inscrit dans celui, plus vaste, des Scandinaves vers l'Amérique du Nord, mais il a une double originalité : les Islandais s'installent au Canada et ils obtiennent des autorités locales de créer une véritable communauté. Celles-ci proposent un territoire occupé seulement par des Indiens au bord du lac Winnipeg (Manitoba) qu'elles appellent Nouvelle-Islande, et qui aura pour capitale Gimli. Les islandais seront citoyens canadiens mais pourront garder leur langue et leur nationalité d'origine. En fait, le territoire octroyé s'avère peu hospitalier et beaucoup migrent au sud vers la ville de Winnipeg. Aujourd'hui encore, les "Islandais de l'ouest" ont gardé des liens étroits avec le pays de leurs ancêtres. Ils ont leurs propres paroisses avec des pasteurs islandais et des périodiques publiés en islandais.
Dès 1925, une loi établit le principe d'une médiation dans les conflits sociaux lorsqu'elle est nécessaire. Elle est organisée avec précision en 1938 et c'est cette loi qui, pour l'essentiel, régit aujourd'hui encore le droit de grève
et l'obligation de médiation avant tout arrêt de travail.
L'Islande n'a pas d'armée hormis les équipages des garde-côtes. Ce pacifisme est un choix clairement assumé, mais c'est aussi une manifestation de réalisme : que serait cette armée face à une mise en cause de la souveraineté de l'Islande ?
Il lui faut s'en remettre à d'autres pour sa défense.
Sur ses 338'349 habitants, 218'000 vivent à Reykjavik et autour, soit près des deux tiers de l'ensemble, alors que ce taux n'était que de 50% en 1950 (...) Sur une île où la densité moyenne est trois habitants au kilomètre carré, l'enjeu est d'importance à la fois pour la qualité de vie, la répartition de l'activité économique et l'entretien des équipements collectifs, routes, écoles, hôpitaux... Or, malgré des efforts en termes de création d'emploi et d'amélioration du réseau routier afin que celui-ci soit utilisable toute l'année, le mouvement semble irréversible tant la vie est différente dans la capitale et ailleurs.
Se dessinerait donc une Islande dont toute la population serait concentrée dans le sud-ouest, abandonnant le reste du territoire à la construction d'immenses parcs de loisirs pour touristes, propriétés de fonds de pension, et gérés par des étrangers...
Titre : Histoire de l'Islande, des origines à nos jours
Auteurs : Michel Sallé et Aesa Sigurjonsdottir
Première édition : 2018
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