dimanche 25 mars 2018
Une vie entière / A whole life de Robert Seethaler
Un titre qui annonce la donne : une vie, une vie entière ...
Celle d'un individu quasi insignifiant, Andreas Egger, homme de peu de mots, sans éducation, dont le déroulé suit celui des transformations du 20ème siècle. Batard "recueilli" à quatre ans dans une ferme des montagnes d'Autriche par un oncle qui l'exploite comme une bête de somme et l'estropie, la majorité venue, Andreas relève la tête pour tracer son propre sillon. Balloté par le destin, illuminé d'un grand amour brisé par la cruauté des éléments, il travaille à la constructions des premiers téléphériques et participe aux mutations des massifs alpins dont la vocation agricole est progressivement remplacée par les loisirs et le tourisme. Une époque également marquée par la seconde guerre mondiale à laquelle Andreas ne se soustrait pas et qu'il traverse comme les autres étapes de sa vie. Un monde qui change, un homme de peu de biens et de peu de besoins, qui s'adapte et traverse le temps, jour après jour ...
J'avais aimé Le Tabac Tresniek / The Tobacconist et Une vie entière / A whole life ne m'a pas déçue, au contraire, je suis encore sous l'émotion créée par la plume de Robert Seethaler et la puissance d'évocation qu'elle suscite. On aime le personnage d'Andreas, sa simplicité, son humanité, sa capacité à faire face même à ce qu'il y a de plus douloureux, son aptitude à saisir les petits bonheurs de la vie quand ils se présentent ... Un personnage ancré dans le temps sans que celui-ci n'ait d'emprise sur lui, presque un ermite des temps modernes qui observe et va toujours de l'avant en ne gardant que l'essentiel et le minimum, sans jamais s'apitoyer, porté par une sorte de philosophie intérieure, qui n'a pas besoin de mots et de fioritures inutiles. Une écriture sensible, juste, forte, poétique, un très, très beau livre, incontournable, à lire absolument !
Titre anglais : A Whole life
Titre français : Une vie entière
Auteur : Robert Seethaler
Première édition : 2014
Extraits du texte :
- He thought slowly, spoke slowly and walked slowly ; yet every thought, every word and every step left a mark precisely where, in his opinion, such marks were supposed to be.
- Then he would think about his future, which extended infinitely before him, precisely because he expected nothing of it. And sometimes, if he lay there long enough, he had the impression that beneath his back the earth was softly rising and falling, and in moments like these he knew that the mountains breathed.
- Scars are like years, he said : one follows another and it's all of them together that make a person who they are.
- "it's a messy business, dying," he said. "As time goes on there's just less and less of you. It happens quickly for some; for others it can drag on. Starting from birth you keep losing one thing after another: first a finger, then an arm, first a tooth, then a whole set of teeth, first one memory , then all your memory, and so on and so forth, until one day there's nothing left. Then they chuck what's left of you in a hole and shovel it in and that's your lot."
- little by little the black cloud of confused, despairing thoughts that shrouded his heart dissolved in the mountain air, until nothing was left but pure sorrow.
- When someone opens their mouth they close their ears (...). Instead of talking, he preferred to listen to these people, whose breathless chatter revealed to him the secrets of other fates and opinions. People were evidently looking for something in the mountains that they believed they had lost a long time ago. He never worked out what exactly this was, but over the years he became more and more certain that the tourists were stumbling not so much after him but after some obscure, insatiable longing.
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