lundi 7 juin 2021

Pure de Linda May Klein

 
Aux États-Unis, Lisa Kay Klein a grandi au sein de l'église évangeliste et de la "culture de la pureté" émergeante dans les années 1990 avec ses anneaux de pureté, ses serments de virginité/pacte de pureté jusqu'au mariage, etc. Un mouvement culturel accompagné de messages débilitants et entachant la sexualité de toute une génération : les filles y sont vues comme des objets de tentation pour les hommes, et la moindre expression de leur sexualité, une "faute" leur incombant, un pas irréversible vers la damnation sans espoir de rédemption. À la longue et avec le recul, les messages répétés et intégrés par toute cette génération de femmes blanches ont eu pour beaucoup un effet traumatisant à long terme avec son lot d'anxiété, de peurs et même de symptômes pouvant se rapprocher de ceux des pathologies PTSD (Post-Traumatic Stress Disorder). Des femmes qui se retrouvent bloquées dans un "cycle de la honte" auquel il est difficile d'échapper, notamment lorsqu'elles sont portées par leur foi et qu'elles risquent le rejet de leur communauté. 
 
Dans ce livre, Lindae Kay Klein expose son parcours dans cet environnement,  ses questionnements, la façon dont elle a brisé le cycle dans lequel elle était piégée sans pour autant renoncer à sa foi et surtout son partage d'expériences avec les autres femmes de sa génération qui ont accepté de témoigner. Recueil d'interviews parfois déchirantes, entre essai et ouvrage journalistique, l'auteur a "porté" son livre pendant dix ans avant de trouver le ton et la volonté de le terminer, persuadée de la nécessité de le publier pour libérer la parole et alimenter un débat que toutes les communautés ne sont pourtant pas prêtes à avoir. 
 
L'ouvrage a ses limites que l'auteur admet puisqu'elle ne s'est basée que sur ce qu'elle connaît et ses contacts - une communauté blanche évangéliste - mais la portée de ses propos n'en reste pas moins valable dans d'autres groupes ou d'autres religions. 
Un coup de projecteur "de l'intérieur" pas toujours évident à suivre si on n'est pas au fait de la place des églises évangélistes aux États-Unis mais l'analyse, très poussée, est très intéressante : ces mouvements de "pureté" ont de terribles effets pervers sur la sexualité ainsi que sur le role et la place accordésrespectivement aux femmes et aux hommes dans la société, une "culture" qui continuent malheureusement de faire des adeptes et de se répendre à travers le monde.
 
Extraits du texte :
Evangelical Christianity's sexual purity movement is traumatising many girls and maturing women haunted by sexual and gender-based anxiety, fear, and physical experiences that sometimes mimic the symptoms of post-traumatic stress disorder (PTSD). Based on our nightmares, panic attacks, and paranoia, one might think that my childhood friends and I had been to war.  And in fact, we had.  We went to war with ourselves, our own bodies, and our own sexual nature's, all under the strict commandment of the church. 

The purity message is not about sex. Rather, it is about us : who we are, who we are expected to be,
 and who it is said we will become if we fail to meet those expectations. 
This is the language of shame. 
Shame is the feeling "I am - or somebody else will think I am - bad"
 (as opposed to guilt, for example, which is associated with the feeling "I did something bad"). 

Shame tends to make people feel powerless and even worthless. It creates a fear of abandonment that, ironically, makes us push others away. We want to hide those aspects of ourselves we are ashamed of, so we may emotionally withdraw from those close to us, lash out at them to keep them at bay, or isolate ourselves in self-blame. Whatever it takes to keep the world (including ourselves) away from those parts of us that we have come to believe make us bad. 

Evangelical Christianity is the single largest religious grouping in the United-States. 
More than a quarter of American belong to it, and more than a third of American adolescents do. 

First, the researchers are finding that purity teachings do not meaningfully delay sex. Second, they are finding that they do increase shame, especially among females. And third, they report that this increased shame is leading to higher levels of sexual anxiety, lower levels of sexual pleasure, and the feeling among those experiencing shame that they are stuck feeling this way forever. Oh, and it doesn't get better with time... It gets worse! 

It's time we teach our daughters that their ability to be good people depends on their being good people, not on whether or not they're sexually active. 

Generally speaking, purity culture excuses male sexuality and amplifies female sexuality, 
and it shames consensual sexual activity and silences nonconsensual sexual activity.
 
Titre original : Pure, Inside the Evangelical Mouvement That Shamed a Generation of Young Women and How I Broke Free. 
Pas (encore) de traduction française.
Auteur : Linda Kay Klein 
Première édition :  2018

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