États-Unis.
Ruth est infirmière-obstétrique depuis plus de vingt ans, une employée modèle, consciencieuse et sans histoire, respectée de tous. Elle est veuve, son mari était un soldat mort en service en Aghanistan et elle est mère d'un garçon de 17 ans, brillant élève promis à un bel avenir.
Un beau matin, après sa prise de service, elle se voit déchargée des soins de Davis, un nouveau-né dans le dossier duquel a été ajouté un post-it indiquant "pas de personnel afro-américain". Dans la mesure où Ruth est la seule employée noire, la subtilité de l'énoncé est sans appel. Elle est choquée mais doit obéir aux ordres de sa hiérachie qui a cédé aux exigences des parent, Turk et Brittany, un couple de suprémacistes blancs.
Mais voilà, avant de quitter l'hopital, le nouveau-né décède après une opération de routine alors qu'il est resté quelques minutes sous la garde de Ruth. Dans cette triste affaire, elle est un bouc émissaire évident et facile pour les parents désespérés qui vont l'attaquer en justice et pour l'hopital qui ne la soutient pas. Du jour au lendemain, la vie bien rangée de Ruth est totalement bouleversée et c'est Kennedy, une jeune avocate idéaliste "qui ne voit pas la couleur", commis d'office, qui va assurer sa défense.
Oui mais, et si cette couleur politiquement incorrecte qu'on évite, il faudrait peut-être un peu mieux la voir parce que c'est justement le coeur du sujet ?
Mille petits riens, c'est le racisme ordinaire au quotidien, celui que ceux qui ne le vivent pas ne peuvent ni percevoir ni même concevoir, un sujet souvent minimisé mais auquel Jodi Picoult a prêté sa plume, avec sa perception et sa subtilité habituelles. Une histoire pour présenter et attaquer les préjugés à la racine, là où on ne les voit pas. Un récit ni tout noir ni tout blanc, dans lequel elle donne voix, tour à tour, à Ruth, l'infirmière attaquée en justice, à Turk, le père suprémaciste blanc et à Kennedy, l'avocate. Trois vies touchées par la mort d'un nourisson, trois vies qui basculent et sont transformées par cette histoire.
Un vrai sujet de société qui ronge l'Amérique en profondeur, mais qui, malheureusement, est aussi en grande partie transposable ailleurs.
C'est un roman qu'on ne lache pas parce que l'écriture est fluide et agréable à lire, les personnages attachants et/ou intéressants, l'histoire prenante et même si elle est parfois un tantinet mélodramatique (prévoir les mouchoirs !), on n'a qu'une envie, tourner les pages pour savoir où tout cela va nous mener.
Après My Sister's keeper/Ma vie pour la tienne, House Rules/À l'intérieur, Nineteen Minutes et maintenant Small Great Things/Mille petits riens, Jodi Picoult ne m'a encore jamais déçue. Ses romans sont des page-turners prenants et marquants qui ont tous laissé une trace dans ma mémoire, même longtemps après les avoir lus parce qu'ils traitent efficacement de sujets pas toujours évidents (La maladie, l'autisme, un tueur qui fait un massacre dans une école, le racisme ordinaire). Jodi Picoult ne cherche pas la facilité pour s'attaquer aux préjugées et aux clichés qu'elle traite avec justesse et sensibilité en essayant de multiplier les points de vues mais je ne peux malgré tout pas m'empêcher de garder une toute petite réserve parce qu'elle péche parfois par un excès de sentimentalité "à l'américaine", imprégnée d'un soupçon d'angélisme.
Titre original : Small Great Things
Titre français : Mille petits riens
Auteur : Jodi Picoult
Première édition : 2016
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