vendredi 14 décembre 2018
De nos frères blessés de Joseph Andras
Jeune ouvrier européen, militant communiste, Fernand Iveton dépose une bombe dans un local désaffecté de son usine en soutien à la cause anticolonialiste : la bombe n'a jamais explosée et n'était pas destinée à tuer ... mais voilà, nous sommes à Alger en 1956...
Arrêté et torturé, Fernand Iveton passera devant un tribunal militaire dans un contexte de guerre non avouée alors qualifiée "des événements". Il est condamné à la peine capitale et sera guillotiné le 11 février 1957, pour l'exemple, et restera le seul européen condamné et exécuté pendant la guerre d'Algérie.
Le roman commence le jour où Fernand Iveton pose sa bombe avec toutes les conséquences qui ont suivies pour lui : les tortures odieuses, les dessous politiques, les raisons pour lesquelles il est finalement abandonné de tous (ou presque), que ce soit le parti communiste, les dirigeants de l'époque ou la presse, et derrière elle, l'opinion publique ... mais avec toujours cette conviction qu'il sera gracié, son acte ne pouvant surement pas justifier la peine de mort.
Le livre est entrecoupé de chapitres de retours en arrière sur des périodes plus heureuses, consacrés à sa relation avec sa femme Hélène, leur rencontre en France et leur histoire d'amour qui donnent corps et humanité à ce militant convaincu, idéaliste au grand coeur.
Une histoire qui veut rendre justice à un personnage qui ne semble pas en avoir bénéficié, avec une remise dans le contexte de l'époque, celui d'une guerre qui ne dit pas son nom mais qui en a toute la violence.
C'est remarquablement écrit et on a beau savoir dès le départ quel sera le dénouement, on ne peut pas y croire, on reste confiant et on espère avec Fernand jusqu'au bout.
Un premier roman marquant, à méditer.
Titre : De nos frères blessés
Auteur : Joseph Andras
Première édition : 2016
Le livre a reçu le prix Goncourt du premier roman 2016 que l'auteur a refusé.
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