jeudi 21 décembre 2017

Parmi les miens de Charlotte Pons


Une fratrie - Manon, Gabriel et Alice - et un époux affrontent l'épreuve d'une mère/épouse encore vivante mais laissée sans conscience à la suite d'un grave accident de voiture. Ce drame est vécu au travers des yeux de Manon, l'aînée, qui exprime dès le départ un "autant qu'elle meure" devant l'état végétatif de sa mère. Mais les médecins ne se prononcent pas et le reste de la famille veut encore s'accrocher à un hypothétique espoir ouvrant prétexte à une introspection à la fois personnelle et familiale, l'exploration du rapport de chacun à la mère (cette inconnue ! ... d'autant que dans cette famille il existe des secrets que l'on va découvrir) et la place relative des uns et des autres dans le cercle familial. Face à la situation médicale de la mère/épouse, ce sont aussi les questions délicates de la maladie et de la mort, de l'accompagnement, de l'euthanasie et du deuil alors que la vie continue qui doivent bien finir par être abordées malgré les louvoiements initiaux.

Une situation forte, racontée d'un ton juste et réaliste. On y trouve toute l'ambivalence crée par les épreuves qui font réagir par rapport à soi mais aussi dans le rapport aux autres. Un vécu à dimension variable au regard de l'expérience, de la culpabilité, des rivalités, des jalousies, du rapport plus ou moins intime de chacun avec la mère, de celui des uns avec les autres, de la difficulté à communiquer ou de la plus ou moins grande fragilité individuelle. Faisant écho à ce que nous renvoie l'actualité à intervalle régulier, sont traitées de façon toute aussi pragmatique les questions de la vie et de la mort, du désir des personnes mises en situation de dépendance face à la volonté exprimée par la famille, des limites du système médical et juridique français dans l'accompagnement de fin de vie.

J'ai trouvé le personnage de Manon intéressant dans sa complexité, un peu à l'image du reste de sa famille, sans que je puisse pour autant m'y attacher. Au final, je garde l'impression d'un premier roman bien construit, qu'on peut lire presque d'une traite, abordant et ouvrant intelligemment une vraie réflexion sur un thème lourd et difficile.
 
Titre : Parmi les miens
Auteur : Charlotte Pons
Première édition : août 2017

Tiré du livre :
- Affronter l'humanité de notre mère dans ce qu'elle avait de plus vain. Un corps, juste un corps. Qui se dégrade et que l'on maintient en vie coûte que coûte. 
-  (...) notre père. Tassé sur sa banquette, imperméable et mine chiffonnés (...). Je l'ai connu abattu, je le découvre désarmé. 
- Mon regard s'arrête sur l'horloge au-dessus de la sortie. Sans faillir, je prends acte de l'heure du décès de ce qu'a été ma vie jusque-là. Une vie avec maman. Je n'en ai jamais connu sans.
- (...) je savais bien peu d'elle, (...) elle m'était familière mais me demeurait inconnue. 
- Il lâche parfois un "on ne l'avait pas envisagée ainsi, notre vieillesse" qui dit toute la solitude dans laquelle ma mère le laisse et ça fait mal pour lui, moi qui ai une famille, moi qui ai de l'avenir, malgré ma difficulté à l'assumer. 
- En serait-il allé autrement de tout cela si nous nous étions intéressés à elle comme à une inconnue dont nous souhaitions faire la connaissance et pas seulement comme à une mère qui nous devait tout, inconditionnellement ?

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