jeudi 14 septembre 2017

Qui ne dit mot consent d'Alma Brami


Émilie observe et confie à la première personne ses pensées et ses sentiments sur sa vie, là où elle en est et ce qui l'y a amené.
Elle a son mari (Bernard, mais elle le nomme à peine, quand elle en parle c'est surtout "mon mari") et ses deux enfants, Paul et Laura. Un jour, ils ont quitté leur appartement citadin au 20ème étage d'une tour pour une maison isolée, au fin fond de la campagne. Alors comme Émilie n'aime pas la solitude, son mari lui ramène des amies pour lui tenir compagnie, des "tatas" pour les enfants ... La dernière en date s'appelle Sabine mais avant elle il y a eu Elsa, Aurélie, Évelyne, Bénédicte, Odile, Alice, Michèle ou encore Anne ...
La famille s'adapte à sa dimension variable, ça dure depuis des années et à chaque fois c'est la même histoire. Comment Émilie accepte-t-elle et accueille-t-elle toutes ces nouvelles amies ? Jusqu'où cela peut-il aller et pour combien de temps ?

Émilie nous livre le cheminement de son histoire qui passe par ses parents, son enfance, son amour, son couple et ce mari qu'elle aime même s'il n'est pas parfait parce qu'il l'aime tant, elle ... Amour inconditionnel ? Oubli de soi ? Une histoire de concessions ? Une histoire surtout terrible, sur la manipulation, l'emprise et la domination psychologique dans le couple. Émilie nous livre toutes les cartes, une par une. On a envie de la secouer et de la faire réagir comme l'enjoint sa fille Laura mais elle s'est faite piéger et enfermer, on la sent paralysée, mystifiée, impuissante, résignée, incapable de s'affirmer comme elle le voudrait au fond d'elle car après tout, elle n'en pense pas moins ... mais voilà, elle ne dit rien ... elle accepte et justifie ...et finalement, elle consent à en avoir la nausée !

Buzz de la rentrée littéraire, ce livre se lit très vite et l'écriture est belle. Sur le fond, il a un petit côté nauséabond parce qu'il incarne parfaitement la violence qu'il dénonce en laissant derrière lui un sentiment de malaise.
Une énorme baffe littéraire, ça secoue, âmes sensibles s'abstenir ! (tu as raison Émilie qui a envie de partager des livres)

Titre : Qui ne dit mot consent
Auteur : Alma Brami
Première édition : août 2017

Tirés du livre :
- T'es comme une femme battue, tu ne te rends compte de rien, tu acceptes et tu crois que ça te convient. 
Mon mari me rapportait ses proies, comme un chat victorieux qui dépose aux pieds de son maître un oiseau, un lézard ou un mulot. (...) Il me racontait ce qu'il voulait mais je ne devais pas poser de questions. 
Votre père est mon idéal, il ne me demande pas d'être différente. Il s'arrange avec ce que je suis et je m'arrange avec ce qu'il est, parce que ce qui est essentiel au bout du compte c'est que l'on soit ensemble, toujours, pour partager quelques épreuves d'accord, mais surtout un grand bonheur. 
J'avais toute ma jeunesse rêvé d'être une autre, et à présent je ne rêvais que de rebrousser chemin vers moi, vers ma jeunesse et ses défauts. 
Le temps n'effaçait rien, un mensonge de plus. Le temps émoussait les forces, les ressources. Le temps amoindrissait, écrasait, rendait muet. Les instants se nouaient les uns aux autres comme des maillons d'une chaîne très solide, qui entrave les mouvements, la fuite.

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